Inscription du collège de Guyenne
Localisation : Musée d’Aquitaine, Bordeaux

Introduction
Inscriptions du Collège


Introduction

Seul vestige du collège de Guyenne, le linteau d’une porte disparue est exposé à Bordeaux, au Musée d’Aquitaine, dans la salle où se trouve le tombeau de Montaigne. Cette proximité remonte à 1909, année de la découverte du linteau et date à laquelle le tombeau se trouvait dans l’ancienne Faculté des Lettres.

Si la porte était bien celle de l’entrée, chaque collégien, en passant ce seuil, était invité à lire et méditer l’inscription latine, gravée en capitales sur cette pierre en juin 1543, qui l’incitait à honorer la ville et cité de Bordeaux en imitant Ausonius, le plus illustre de ses enfants. Elie Vinet publiera plus tard les œuvres de ce grand poète et savant du IVe siècle, époque où la ville s’appelait « Burdigala », ainsi qu’un règlement du collège (Schola Aquitanica, Bordeaux, 1583 ; exemplaire de Cambridge bientôt mis en ligne par les BVH).

Toutefois, ni lui ni Peletier ne sont encore  principaux durant les années 1539-1548, dates probables du séjour du jeune Michel Eyquem dans ce collège créé en 1533, peu après sa naissance, quand son père était encore premier jurat et prévôt (en 1536, il deviendra sous-maire, et plus tard maire). Celui qu’il aura connu dans ces fonctions tout au long de sa scolarité, Antoine de Gouvéa, l’auteur des Essais en parle avec enthousiasme au chapitre « De l’institution des enfans », I, 25/26), se plaisant en outre à énumérer les noms de ses professeurs, du moins de ceux qui, ayant déjà publié, allaient acquérir un jour un certaine renommée hors des murs de la ville : Grouchy, Guérente, Buchanan, Muret.

Et pourtant, de ces années de collège, à l’entendre, il ne retirera que peu de profit, sinon critique. Le latin, grâce à son précepteur allemand, il le savait déjà en entrant,  au collège on le lui a « abastardi ». Le grec, il ne l’a guère appris. Il lui a fallu s’éveiller trop tôt, subir les « troignes magistrales », apprendre par cœur et répéter, vénérer  Aristote comme un dieu, peut-être craindre férule et cruauté pour lui ou pour autrui… Du moins a-t-il pu lire à la dérobée et donc avec délectation  Ovide et quelques grand auteurs, s’initier par la dispute au pro et contra, et surtout jouer dans des pièces de Buchanan. Sans parler des influences hétérodoxes exercées par ces maîtres portugais, écossais, espagnols et français dont certains auront un jour maille à partir avec l’Inquisition.

Pour plus d’informations, on peut consulter le livre majeur d’Ernest Gaullieur, Histoire du collège de Guyenne, Paris, Sandoz et Fischbacher, 1874 (pdf en ligne sur internet) et l’article de Raymond Ritter dans l’Illustration du 25 février 1933 (photographies du tmbeau et du linteau). L’attention portée par le jeune Montaigne à Ausone, conformément à l’inscription d’entrée, se manifeste par quatre petites notes marginales de sa main dans les marges d’un exemplaire aldin portant sa signature au titre (voir ici-même « Ausone »).


Alain Legros, 3 septembre 2013

 



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