Notes manuscrites de La Boétie
Appien (Paris, 1551), Diogène Laërce (Bâle, 1533), Egnatius (Lyon, 1551), Sophocle (Paris, 1553), Strabon (Bâle, 1549), Victorius (Bâle, 1549), Xénophon (Bâle 1551)
Localisation : Cambridge University Library (Appien, Sophocle, Strabon), Bibliothèque nationale de France (Xénophon), Bibliothèque municipale Mériadeck de Bordeaux (Egnatius, Victorius), Médiathèque Condorcet de Libourne (Diogène Laërce)


Introduction
Notes manuscrites de La Boétie


Introduction

« Je vous supplie pour signal de mon affection envers vous, vouloir estre successeur de ma Bibliothecque et de mes livres, que je vous donne : présent bien petit, mais qui part de bon cueur : et qui vous est convenable pour l’affection que vous avez aux lettres ». Ces mots sont ceux d’un mourant, Etienne de La Boétie, adressés à Michel de Montaigne, resté jusqu’au bout à son chevet, et qui rapportera les ultima verba de son si cher ami dans une lettre à son père adjointe à La Mesnagerie de Xénophon (l’exemplaire de cette édition de 1571, conservé à la BnF et présentant la signature de Montaigne, est reproduit sur Gallica, voir p. 125). Nous sommes au mois d’août 1563.

Sur la petite vingtaine de livres de La Boétie légués à Montaigne et parvenus jusqu’à nous (soit environ 1/5e des livres de la « librairie » de Montaigne conservés), tous reconnaissables à la présence d’un ‘b.’ minuscule de la main de Montaigne placé dans le coin supérieur droit de la page de titre (et donc parfois rogné), sept sont pourvus de notes autographes du Sarladais : Appien grec et latin, Sophocle et Strabon grecs, naguère dans la collection de Gilbert de Botton et aujourd’hui à la Bibliothèque de l’Université de Cambridge ; Egnatius latin et Victorius grec et latin, à la Bibliothèque municipale de Bordeaux (Mériadeck) ; Diogène Laërce grec à la Médiathèque Condorcet de Libourne ; Xénophon traduit en latin par Castellion à la Bibliothèque nationale de France. Pour les titres et noms d’éditeurs, prière de se reporter aux transcriptions par auteur.

Il s’agit toujours de notes en latin et en grec, brèves, exclusivement philologiques, le plus souvent des corrections, beaucoup plus rarement des rapprochements avec d’autres pages, auteurs ou commentateurs. Une centaine en tout, difficiles à dater. Elles montrent le futur traducteur de Plutarque et de Xénophon attentif à l’établissement des textes, comme doit l’être tout humaniste — et celui-ci fut consulté par Arnoul le Ferron, un autre parlementaire, pour l’annotation de l’Erôticos de Plutarque.

La main se reconnaît aisément quand on a quelque familiarité avec les arrêts au rapport de La Boétie (Archives départementales de la Gironde), dont beaucoup ont été écrits par le rapporteur lui-même. De cette main française, on passe sans difficulté à la main latine, et de celle-ci à la main grecque à partir de quelques notes qui mêlent les deux langues.

La Boétie ne signait pas les livres de sa bibliothèque. Montaigne l’a fait pour lui, discrètement, en écrivant son initiale au titre des ouvrages reçus en héritage. Ils lui étaient chers, sans nul doute. Et il aura aimé y trouver ici et là, éparses, les notes de son ami, moins pour leur contenu, sans doute, qu’en raison de l’affection qu’il lui portait. Gageons aussi que son intérêt pour les sentences lui aura fait chercher celles que La Boétie avait remarquées, et surlignées en conséquence (oui, surlignées, alors que Montaigne, lui, souligne). Comme pour poursuivre un dialogue au-delà de la mort.

À l’exception de deux notes en marge du Victorius (Vittori), toutes ces transcriptions ont déjà fait l’objet de publications dans Montaigne Studies (2004, 2013), auxquelles on voudra bien se reporter pour de plus amples commentaires. La présente édition numérique transcrit en lettres grecques ce qui, dans Montaigne Studies, était translittéré par simplification.

Alain Legros, 14 mai 2014

 



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